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Pipi au lit et Incontinence diurne chez les enfants.

 

A cinq ans, 10 à 20 % des enfants ne sont pas encore propres

Sandra, jeune maman divorcée de 32 ans, est exaspérée: «Christophe, mon fils de 7 ans, continue de faire pipi au lit trois à quatre fois par semaine! Je n'en peux plus de tous ces draps à laver et n'ose imaginer l'été chez ma mère.» Pénible, certes. Angoissant, probablement. Pour autant, le pipi au lit n'est pas forcément grave et il est surtout très fréquent. 10 à 20% des enfants n'ont, en effet, pas encore acquis la propreté nocturne à 5 ans. C'est encore le cas pour 6 à 8% des enfants de 8 ans, et même pour 1%... des jeunes adultes à l'âge du service militaire! De fait, le fonctionnement de la vessie exige, comme celui de la marche ou de la parole, un apprentissage par l'enfant car cet organe est soumis à un contrôle automatique, volontaire, et non seulement réflexe.

«Pendant deux ans environ, le nourrisson a une vessie totalement automatique», explique le Dr Pamela Parvex, qui suit de nombreux jeunes patients présentant un problème d'énurésie (incontinence d'urines) au sein de l'Unité de néphrologie de l'Hôpital des enfants de Genève. Puis, pendant une deuxième phase de maturation, l'enfant prend peu à peu conscience du remplissage de sa vessie et apprend à contracter volontairement le sphincter qui commande son ouverture, donc l'émission des urines. Enfin, la vessie devient totalement adulte et voit sa taille augmenter.

Il faut donc être... patient. «La propreté diurne (dans la journée) est normalement obtenue avant l'âge de 4 ans. Mais faire pipi au lit jusqu'à 4 ou 5 ans chez les filles et jusqu'à 5 ou 6 ans chez les garçons n'a rien de pathologique», explique le Dr Parvex.

Deux types d'énurésie

Chez l'enfant, on distingue classiquement deux types d'énurésie, dont les causes demeurent incomplètement expliquées. Dans 70% des cas environ, il ne s'agit que de pipi au lit (énurésie nocturne isolée). Un problème qui pourrait être dû à un défaut de sécrétion la nuit, d'hormone antidiurétique (l'hormone qui retient l'eau dans l'organisme), ou encore à la difficulté pour certains enfants de ressentir le besoin d'uriner quand ils dorment.

Pour les 30% restants, l'énurésie se manifeste le jour en raison d'une immaturité de la vessie. L'enfant a des besoins pressants ou même des fuites. Il va souvent aux toilettes pour émettre quelques gouttes d'urine, a du mal à vider sa vessie. Dans ce cas, cette dernière, anormalement active, se contracte trop fréquemment, de manière incontrôlée, comme celle d'un très jeune enfant. «Il est important de rechercher ces troubles urinaires dans la journée, chez un enfant qui fait pipi au lit, car ces symptômes n'ont pas le même traitement que l'énurésie nocturne, et il arrive (mais c'est heureusement peu fréquent) qu'ils s'associent à des anomalies de l'arbre urinaire (par exemple des valves au niveau de l'urètre). Raison pour laquelle on pratique à l'hôpital quelques examens de vérification (examen des urines, échographie)», souligne le Dr Parvex. «La fréquence de ces énurésies diurnes est d'ailleurs probablement sous-estimée», ajoute-t-elle.

Pipi au lit, un problème familial ?

Le pipi au lit isolé a souvent une composante familiale, et l'on estime que le risque pour un enfant d'en être atteint est de 77% si les deux parents l'ont été et de 44% si seulement un parent en a souffert. On le voit davantage chez le garçon, à la différence de l'énurésie diurne, qui touche dans les mêmes proportions les deux sexes. «Avant de poser ce diagnostic, il faudra toutefois vérifier que l'enfant n'a tout bonnement pas peur de se lever la nuit ou de descendre de son lit s'il est en hauteur», fait remarquer le Dr Parvex. Ces problèmes de pipi au lit s'observent souvent à la naissance d'un frère ou d'une soeur, d'un déménagement, de difficultés à l'école, bref, lorsque l'enfant est stressé...

«La prise en charge de ces énurésies est moins difficile que l'énurésie diurne, explique le Dr Parvex. Nous vérifions à l'hôpital que l'on n'a pas affaire à une maladie tout à fait exceptionnelle, le diabète insipide, qui découle de l'absence d'hormone antidiurétique.» Autrement, il faut conseiller à l'enfant de ne pas trop boire le soir et d'uriner avant d'aller au lit. Les parents pourront aussi réveiller l'enfant, lorsqu'ils vont eux-mêmes se coucher, pour le conduire aux toilettes. Après 7 ans chez le garçon et 6 ans chez la fille, on peut administrer le soir au coucher des comprimés de desmopressine (Minirin), un médicament qui mime l'action de l'hormone antidiurétique. Une attitude thérapeutique que l'on adoptera plus volontiers si l'enfant souffre beaucoup psychologiquement de son énurésie, ou qu'il doit partir quelque temps en camp de vacances.

Le stop pipi, qui émet un signal d'alarme dès que quelques gouttes d'urine sont émises dans le pyjama, peut avoir un effet spectaculaire chez les enfants de plus de 9 ans, et offre l'avantage de requérir la participation du jeune patient.  «Lorsqu'on le met, il faut en tout cas enlever les couches. Car sinon, il ne marche pas!» conseille le Dr Parvex.

Que faire face à une énurésie diurne?

«Avant 5 ans, on se contentera de mesures comportementales. Par exemple, les parents demanderont à l'enfant d'aller aux toilettes toutes les trois ou quatre heures, même s'il ne ressent pas le besoin d'uriner, ce après avoir vérifié que les toilettes sont bien adaptées (un siège rehausseur peut être utile) et qu'il n'a pas peur de tomber dans le trou. Ce qui est fréquent, indique le Dr Parvex. Souvent, on conseille aussi aux petits garçons d'uriner assis, ce qui les aide à vider leur vessie.» Après l'âge de 5 ou 6 ans, et si le jeune patient est suffisamment mûr psychologiquement pour cela, on peut prescrire des techniques de rééducation (ou «biofeedback») pour l'aider à mieux contrôler ses sphincters et sa musculature abdominale. Il est souvent utile d'ajouter des médicaments anticholinergiques pour atténuer les contractions de la vessie. Enfin, il est important de lutter contre une constipation associée.

Il est aussi intéressant d'opter pour une montre vibrante qui rappellera régulièrement à l'enfant et en toute discrétion le moment ou il doit aller aux toilettes.

Conseils et astuces

Rien ne sert de gronder votre enfant, et surtout, il faut éviter de le comparer à ses frères et soeurs. «Des facteurs psychologiques sous-tendent souvent l'énurésie nocturne et, dans certains cas, une psychothérapie peut aider ces enfants. Ce n'est pas la peine d'aggraver le problème en les culpabilisant», explique Andrée, qui a été confrontée au problème en tant que pédiatre et aussi comme mère. «Mais il est vrai que l'énurésie est souvent difficile à vivre pour les parents, alors que si certains enfants en souffrent beaucoup, d'autres se débrouillent plus ou moins avec.» Demander à l'enfant de laver ses draps semble également un peu dur s'il est jeune! En revanche, vous pourrez l'aider à tenir un calendrier des nuits «sans» (soleil) et «avec» (nuages). Certains sont hostiles aux couches (qui seront remplacées par des caleçons pyjamas chez les plus grands). C'est à voir (pourquoi ne pas en discuter avec l'enfant?), car il n'est guère agréable de se réveiller mouillé. Mais bien sûr, l'alèse absorbante s'impose. Rappelez à votre enfant d'aller aux toilettes le soir et vérifiez leur accessibilité et leur adaptabilité. Pourquoi ne pas mettre aussi des veilleuses pour faciliter les déplacements la nuit dans la maison ou l'appartement, ou installer un pot de chambre au pied du lit? Enfin, n'hésitez pas à en parler à votre médecin, notamment si le problème dure ou si votre enfant a des troubles dans la journée. Il pourra vérifier qu'il n'existe pas d'anomalie urinaire ou d'infection associée. Si l'enfant boit beaucoup et a soif, une consultation rapide s'impose car il peut s'agir d'un diabète sucré.

Crédits : Bed Wet et le Dr Parvex
 

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